Vie à bord d’un navire
Repas
Les repas rythment et animent la vie à bord d navire. Les matelots et les officiers mangent deux fois par jour, le souper étant plus complet que le repas de midi. Les marins de la bordée de quart devront attendre le quart où ils seront de repos pour se sustenter. Ils mangent donc par bordées, que l’on peut scinder en petits groupes si la cuisine est trop petite pour les accueillir.
Le cuisinier prépare le pain quotidien, lorsqu’il possède du blé, ou de la cassave, s’il a du manioc, pour accompagner la viande. Un bon repas remonte le moral d’un équipage désespéré, tout comme un mauvais ordinaire le fait empirer. Plus le moral de l’équipage est bas, et plus l’ordinaire influe sur son humeur.
Les matelots mangent l’ordinaire dans une écuelle, avec une cuillère en bois et leur couteau, alors que les officiers de la Royale se font servir dans de la vaisselle en porcelaine et dans des verres en cristal qu’ils ont apportés avec eux. On dit même que sur les navires de l’armada Espagnole, qui ramènent l’or du Pérou en Espagne, le lest est fait de vaisselle d’or et d’argent.
Navires de Guerres
Les navires de guerre sont pourvus de biscuit dont ils font grande consommation. Le biscuit est excellent, se conserve très bien, et tient souvent lieu de repas de midi aux matelots, trempé dans de l’eau. Le repas du soir est constitué de viande en salaison, avec du riz ou du mil bouilli. Le riz ou le mil peuvent être remplacés par d’autres légumes sec réduits en purée.
Les officiers ne partagent pas cet ordinaire et se font servir par le coq et leurs laquais des repas princiers, qui utilisent la nourriture qu’ils ont embarquée à leur frais. Leur repas, qui se compose de mets aussi délicats que du gibier ou du foie gras, est arrosé, sur les navires français et espagnols en tout cas, d’excellents vins de France ou d’Espagne. Les officiers les plus riches demandent au coq de relever leurs plats avec des épices hors de prix : clous de girofle, safran, piments, cannelle, poivre.
Pirates
Sur un navire pirate, il serait inconcevable pour les officiers de manger autre chose que l’ordinaire du reste de l’équipage. Cet ordinaire dépend de la bonne fortune du moment. Si les pirates viennent de faire la prise d’un navire marchand chargé de nourriture fine, ils la consommeront à toute vitesse, se goinfrant à tous les repas, avant de revenir à des dîners plus frugaux, voire de crever de faim en attendant une prise qui ne se montre pas. Leurs besoins culinaires peuvent même déterminer la région qu’ils choisissent de croiser. Par exemple, les pirates en mal de vin croiseront sur les routes commerciales venant de Madère ou de France. S’ils recherchent des alcools plus forts, ils erreront sur la route du rhum en espérant y rencontrer un navire qui leur donnera satisfaction pour longtemps. En effet, un navire dont la cargaison n’est faite que de nourriture sustenteront probablement les pirates pendant deux ou trois mois.
Flibustiers
Les flibustiers mangent toujours des repas similaires. Ces repas sont faits de poisson ou de viande salés ou boucanés, accompagnés de pain, de cassave, ou de mil bouillis.
Ils ramènent de leur chasse des animaux, mais aussi parfois des fruits ou légumes trouvés dans la forêt. Les animaux sont des singes, des pécaris, des bœufs, mais aussi des perroquets, des tortues ou des chevaux. Ils accommodent ces animaux en les salant, seul moyen de conservation à leur disposition, ce qui force à voyager avec une bonne réserve de sel.
Rationnement
Bien souvent, lorsque l’équipage est rationné, il grommelle et parle de se rebeller, attitude qui disparaît complètement lorsque la terre ou une prise sont en vue. Le rationnement est toutefois un mal nécessaire, pour éviter de se retrouver a court de vivre et de mourir de fin et de soif en une semaine à peine. Le cambusier commence par rationner l’équipage au trois quarts de sa ration quotidienne habituelle, puis le limite à la moitié de cette ration, jusqu’à tomber à un quart de ration, ce qui devient très vite insupportable, surtout si un calme plat et la chaleur torride s’en mêlent. Lorsqu’il n’y a plus rien a manger l’équipage va jusqu’à dévorer le navire lui-même.