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La caravelle

La caravelle dans L’Encyclopédie, ou Dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers:

CARAVELLE, s. f. (Marine.) c’est un petit bâtiment portugais à poupe carrée, rond de bordage, & court de varangue ; il porte jusqu’à quatre voiles latines, ou à oreilles de lièvre, outre les boursets & les bonnettes en étui. Ces voiles latines sont faites en triangle ; cette sorte de bâtiment n’a point de hune, & la pièce de bois qui traverse le mât est seulement attachée près de son sommet. Le bout d’embats de la voile n’est guère plus élevé que les autres fournitures du vaisseau ; au plus bas, il y a de grosses pièces de bois comme un mât, qui sont vis-à-vis l’une de l’autre, aux côtés de la caravelle, & s’amenuisent peu à peu en haut. Les caravelles sont considérées comme les meilleurs voiliers ; elles sont ordinairement du port de 120 à 140 tonneaux. Les Portugais se servent de ces sortes de vaisseaux en temps de guerre pour aller & venir en plus grande diligence ; la manœuvre en étant facile & faisant bien toutes les évolutions.1

Le Diccionario de la Real Academia de la Lengua Española définit la caravelle comme un bateau très rapide, long et étroit, avec un seul pont, une guibre à proue et un plat bord, avec trois mâts et des voiles latines, dont certaines, avec des vergues à voiles carrées sur le grand mât et le mât de misaine.

Selon l’Encyclopédia of ships and Seafaring et édité par Peter Kemp (Stanford Maritime Press), la caravelle est devenue la préférée des navires des explorateurs de la fin du XVe et XVIe siècle, principalement parce qu’elle était petite, spacieuse, facile à manipuler et avec un faible tirant d’eau.  Elles pouvaient approcher les rives inconnues avec peu de danger que l’exploration échoue.

Les caravelles étaient employées par les Portugais vers 1440 lors des voyages de la découverte des côtes de l’Afrique de l’Ouest, mais les plus anciennes caravelles sont celles utilisées par les pêcheurs portugais à partir du milieu du treizième siècle.

Le nom «caravelle» avait été donné à certains bateaux dont le nom figure dans des documents tels que le « Foral » de Vilanova de Gaia (1255), et dans le « Descovrimentos Portugueses » qui définit les navires avec un haut côté, gréés latin et muni d’un, deux, trois ou même quatre mâts. Leur capacité est d’environ 100 tonnes. Au XVe siècle, les caravelles atteignaient 150 jusqu’à 180 tonnes.

Lopez de Mendoca fournit la preuve documentaire de l’histoire du développement de la caravelle au début du XVIe siècle. La caractéristique  qui se dégage de son travail est celle d’un navire rapide de moins de 200 tonnes, avec un, deux, trois, voire quatre mâts, exclusivement équipés de voiles latines. Néanmoins, les documents existants révèlent de nombreuses différences dans les navires de même type. Quirino da Foriseca, dans son « A Caravela Portuguesa », par exemple, compte non moins de vingt-quatre modèles différents de proue, tous empruntés des cartes marines, de manuscrits illustrés ou d’autres documents. 

Certaines caractéristiques peuvent cependant être identifiées. Les caravelles avaient toutes un pont principal et pas de gaillard d’avant, mais plutôt un petit espace couvert à la proue connue sous le nom de tilla. La coque était relativement étroite : une traverse carrée, et le gouvernail accroché à l’étambot, avec la barre dans l’espace sous le gaillard par le biais d’une ouverture connue sous le nom de limera. Les plats-bords ne sont pas toujours fortifiés, ou parfois par de simples jambettes avec une main courante. Certaines des plus grandes caravelles avaient une cabine ou chupeta à l’arrière, avec une dunette ou toldilla au-dessus. La reconstruction de la Santa Maria de Guillén est une typique caravelle armée, connue sous le nom « Carabela de armada », distinguée par une hune sur le grand mât.

La simplicité de ces navires comme bateaux de pêche est évidente, d’après les dessins de caravelles à simple mât, qui accompagnent les signatures des pêcheurs espagnols dans les documents conservés dans les Archives des Indes à Séville.   
Le gréement latin est dominant pour les caravelles de la Méditerranée. Dans une lettre enregistrée du roi du Portugal Joao II pour promouvoir l’idée que les courants forts et les vents contraires entravent le retour des navires à voiles carrées de la côte ouest de l’Afrique, et que seules les caravelles gréées latines (gréement exclusivement portugais) serait en mesure de commercer avec les terres nouvellement explorées. Les caravelles explorant au-delà de la Méditerranée ont été modifiées de plus en plus sur la misaine et le grand mât, en voiles carrées, avec une civadière et une Latine sur le mât d’artimon, ou un gréement mixte adapté aux vents dominants.

Il se peut que le gréement carré pour les caravelles provienne d’Espagne, où les versions du gréement carré des vaisseaux apparaissaient dans le second trimestre du quinzième siècle, et ils ont survécu jusqu’au début du XVIe. Comme le cas de la Niña et de la Pinta. Les caravelles à gréement latin sont fréquemment converties en gréement carré, même pour les Portugais, les avantages des voiles carrés devenaient apparents.
Le régime général portugais et espagnol de gréement latin aussi bien que celui avec des voiles


carrées et un artimon latin, est montré dans les illustrations de la carte de Juan de la Cosa (vers 1500). Les navires illustrés comprennent trois caravelles portugaises de deux et trois mâts au large du Cap de Bonne-Espérance, plusieurs versions de gréement Latin au large des côtes de l’Éthiopie et l’Arabie, et de deux caravelles espagnoles (une avec une hune), gréées latines.

D’autres excellentes illustrations de caravelles de gréement latin apparaissent dans la carte de Pedro Reinel (datant de 1516) à la Bibliothèque national de France.

Les premiers rapports portugais mentionnant fréquemment des caravelles et parlent aussi d’autres types de bateau, barcas, barineis, urcas et fustas, mais dans les chroniques des voyages de découverte, ne survit que la caravelle. Un bateau exceptionnel, qui a assuré sa place dans l’histoire comme un type reconnu de navire.

Christóbal Colón avait deux caravelles la Pinta et la Niña et une nao (caraque), la Santa Maria pour son voyage de découvertes.