La Coca de 1450
Vers 1920, un modèle ancien de bateau est apparu sur le marché d’antiquités de Munich. C’était un ex-voto qui provenait de l’ermitage de Sant Simó, à Mataró, sur la côte catalane. Après avoir démontré qu’il était authentique, on découvrit qu’il datait du XVe siècle. Ce modèle devenait donc le plus ancien de ceux qui existaient encore et il était contemporain des grandes découvertes maritimes. Les exemplaires les plus anciens connus jusqu’alors ne remontaient pas à une date antérieure à 1600. Au cours des XIIIe et XIVe siècles, les Catalans sont les protagonistes d’une expansion économique et militaire dans toute la Méditerranée. Ils arrivèrent jusqu’à Athènes et Constantinople. Ils occupèrent les Baléares, la Sicile et aussi, momentanément, la Corse. En plus, ils participèrent au développement de la science nautique en construisant des instruments et en dessinant des cartes. Pour ces raisons, ce modèle
apparaît dans un contexte particulier. Il faut aussi tenir compte de ce que l’historien florentin Villani écrit en 1348 sur l’introduction de la coca en Méditerranée. C’est pourquoi, même au cas où le modèle correspondrait aux dernières années du XVe siècle, il est devenu une matérialisation caractéristique du type de ce que nous trouvons sur les cartes nautiques anciennes.
Le modèle réapparaît à Londres puis finalement, à New York, où il a été reçu avec réserve par les autorités compétentes parce qu’il arborait alors trois mâts.
En accord avec la théorie vraisemblablement soutenue par les experts, les mâts de misaine et d’artimon furent supprimés et, tout en arborant un seul mât, il a été acheté par l’antiquaire munichois Julius Böhler. Il a été acquis ensuite, de façon chanceuse, par le riche mécène hollandais van Beunigen qui l’offrit, tel quel, au Musée Prins Hendrijk de Rotterdam.
L’extraordinaire importance du modèle n’est pas due seulement à son âge, mais surtout, dans le fait qu’au moment de sa découverte les formes des navires n’étaient connues, que par des illustrations qui ne nous fournissaient pas beaucoup d’informations. Il en est ainsi, pour la forme courbée de l’avant, dans le mode de construction de l’arrière et d’autres détails. En même temps, ce modèle permet de formuler de nouvelles conceptions sur des bateaux semblables, comme la Santa Maria de Colón, laquelle nous est connue seulement au moyen de reconstructions.
L’Américain B. Culver, (photos de la page: Nach Culver et Nance 1929) excellent connaisseur du modèle, publia un article dans le Mariner’s Mirror (numéro 3 de 1929) qui est le magazine de la Society for Nautical Research de Londres. La description du modèle était accompagnée de quelques notes de l’anglais Morton Nance, qui était aussi une personne avec des connaissances reconnues. En 1930 apparut dans le mémoire annuel du Musée Maritime Prins Hendrijk, une étude soignée, fondée sur des comparaisons faites par le spécialiste hollandais Nouhuys, lequel s’était fait connaître par des travaux divers parmi lesquels il faut citer la reproduction qu’il a fait du bateau d’Henry Hudson : le « Halve Moon, de 1609 ».
Cette étude a été publiée aussi dans le Mariner’s Mirror en 1931 (numéro 4) dans une traduction anglaise du texte original hollandais. En ce qui concerne la bibliographie allemande, on trouve seulement un bref article d’Auguste Köster dans « Die Yacht », Berlin, 1934, numéro 46.
Aucun des deux travaux mentionnés ne va au bout du sujet et il est à remarquer qu’ils ne coïncident pas en ce qui concerne les dimensions.
Henry Winter dans son livre « Die Katalanische Nao von 1450 » de 1956, dit qu’il a fait un mesurage précis et avec un degré d’approche suffisant pour permettre la construction des plans du bateau. La description qu’il fait se fonde sur deux reconnaissances soignées du bateau. Après la première observation effectuée avec le matériel photographique qu’il rassembla, H. Winter a préparé une reproduction en miniature du modèle et il l’a comparée à l’occasion de la deuxième visite de reconnaissance, avec le modèle et, c’est seulement après cette deuxième visite que H Winter a pu préparer le Plan correspondant. Malheureusement, il n’a pas été possible de prendre des mesures plus exactes, puisque le modèle était placé dans une vitrine. Ainsi, il fallut donc prendre comme données de base celles qui avaient été prises par Culver et par Nouhuys, bien qu’elles étaient contradictoires. Le plan reproduit le modèle avec la fidélité permise par les circonstances.
La quatrième personne a avoir fait une étude sérieuse sur le modèle fut Xavier Pastor Quijada, qui dit : « José Martínez-Hidalgo m’a téléphoné depuis Barcelone, à mon étude de Palma de Mallorca, pour me dire que la Chambre Officielle de Commerce, d’Industrie et Navigation de la ville comtale avait décidé de mettre en route un projet suggéré par lui, la construction d’une reproduction de la Coca de Mataró. La proposition était que la reproduction de l’ex-voto médiéval célèbre soit présentée à l’exposition commémorative qui devait être faite à la Llotja de Barcelone, en 1986, à l’occasion des actes de commémoration du centenaire de l’organisme.
Dans le travail préliminaire que j’ai réalisé pour obtenir quelques plans à échelle 1:1 destinés à illustrer le mémoire pour présenter le programme de construction à la Chambre Officielle de Commerce, d’Industrie et Navigation de Barcelone, j’ai fait usage du petit plan de Feltsch. Je suis allé chercher la mesure de 1.060 mm enregistrée par Culver. J’ai comparé la mesure aux plans dessinés par Petrejus et Hardonk, j’ai trouvé une différence de 45 mm au même niveau supposé de la coque.
Cette collection de plans de la coca qui ont servi pour mener à bien la construction de la réplique est au nombre de 14. Les trois originaux d’E. W. Petrejus, auteur de l’intéressant ouvrage The Brig Irene, ont été redessinés par Hardonk, conservateur qu’appartient à l’équipe dirigée par Leo Akveld qui a mené en avant ce programme d’investigation de l’ex-voto, pour obtenir la connaissance de ses particularités avec la plus grande rigueur possible.
Des autres 11 plans dessinés par Hardonk, quatre décrivent les projections des étages, du point de vue de l’étrave et de la poupe en ce qui concerne l’aspect extérieur de l’ex-voto, incluant leurs détériorations et quelques plans de la situation du cloutage. Quant aux lignes classiques qui déterminent la forme de la coque, elles comprennent deux groupes : une, de quatre feuilles, qui représentent les distorsions et asymétries du modèle de chaque côté, tandis qu’un autre groupe de trois décrit les mêmes projections avec les courbes corrigées, telles qu’elles devraient être géométriquement tracées.
Dans cet ensemble de plans n’ont pas été inclus les dessins de coupes transversales descriptives de sa constitution interne, ni de certains détails comme la forme et développement du grand arc qui donnent accès a l’anse, la courbure du catena et les caractéristiques de l’écoutille, etc…, les données qui ont manquées et qui ont été résolues grâce aux mesures constantes que laissèrent les investigateurs dans leurs travaux. Les caractéristiques et situation des goujons du timon ont été obtenus par le travail de Pintle and gudgeon and the development of the rudder : The two traditions, d’A.W. Sleewsyk et L. Th. Lehmarm apparu dans le tome 68 (1982), p 279 et sv. de «Mariner’s Mirror». »
Le directeur du Musée Maritime de Barcelone, Laureano Carbonell Relat, avait construit une reproduction du modèle en 1972 et X. Pastor Quijada, fit déjà des plans de la coca et les intégra à la collection « la Carraca », publiée par Borrás Éditions de Barcelone en 1976.