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Poste de commandement

LES MAÎTRES

PILOTE 

Le pilote est un hydrographe compétent, qui aide le capitaine lors du choix de la route à prendre et s’assure, lorsque c’est nécessaire, de la hauteur du fond.

Ancienneté 

Sur tous les navires, quels qu’ils soient, il ne suffit pas de le vouloir pour devenir pilote. Le diplôme de pilote nécessite sept longues années d’études au cours desquelles le pilote apprend à se servir des instruments nécessaires à son travail, à faire la route et le point, mais aussi à cartographier des régions inconnues. Pour être pilote sur un navire, il est nécessaire de posséder tous ces diplômes. Si personne ne les possède, les tâches inhérentes au poste de pilote reviennent au capitaine lui-même.

Autorité 

Le pilote reçoit ses ordres du capitaine, qu’il conseille lors de l’établissement de la route. De façon générale, le pilote apporte son savoir aux membres du commandement, et plus particulièrement au capitaine et au second. Il est très écouté lorsqu’on se rapproche un tant soit peu des côtes, afin d’éviter récifs et bancs de sable. Pour la navigation en rivière, au cours de laquelle les échouages sont fréquents, le pilote est probablement l’homme le plus important à bord. Le pilote donne ses ordres au timonier pour lui donner le cap à suivre et les différents changements de direction, en fonction de la route choisie par lui-même et le capitaine. Les compétences du Maître Pilote et du Timonier sont très complémentaires, ils en sont conscients et se sentent proches l’un de l’autre, même si l’un est un intellectuel et l’autre un manuel. Le pilote est aussi très proche du capitaine, avec qui il partage le secret de la route à suivre, ce que ne connaît pas forcément le second. De plus, le pilote passe plus de temps avec le capitaine que toute autre personne à bord. Le pilote à moitié flibustier et à moitié pirate qui a marqué l’histoire de la marine par sa compétence et ses écrits n’est autre que William Dampier. Un de ses livres, le « Grand Voyage », relatant ses expéditions avec le capitaine Sharp dans les années 1680 et dans les mers du sud, a servi de livre de chevet à bien des cartographes et des capitaines intéressés par ces régions ou les Caraïbes. Il a aussi servi de pilote à Woodes Rogers dans son voyage autour du monde qui découvrit Alexandre Selkirk – modèle du Robinson Crusoë de Daniel Defoe.

Travail 

La grande compétence en hydrographie du pilote lui permet de prévoir le temps qu’il fera dans les jours à venir à partir de l’analyse du ciel, des nuages et de la visibilité. La science hydrographique aide aussi le pilote à prévoir les bancs de sables dans les régions de fort courant, en fonction de la direction et la force de ces flux maritimes, ainsi que de la forme des côtes, qui accélère ou ralentit le courant. L’hydrographie est aussi l’étude des marées, et le pilote peut mesurer de combien et à quelle heure la mer découvrira, en étudiant la position de la lune par rapport au soleil. Cette information est de grande importance pour savoir si le passage sur des récifs est rendu possible par la marée sans trop de risques. Afin de parfaire et de vérifier ces suppositions, à l’approche des côtes et quand il estime le danger probable, le pilote sonde régulièrement le fond à l’aide d’un plomb et d’une cordelette graduée. Enfin, l’hydrographe doit estimer la force des courants pour rectifier non pas la position du navire en fonction du courant passé, mais plutôt la route à prendre pour compenser la dérive due aux courants futurs. Grâce à ses bonnes connaissances géographiques, le pilote peut décrypter les informations incomplètes que recèlent une carte ou un journal de bord, pour de les utiliser en tant que tels ou pour les consigner dans une carte de sa création. S’il connaît déjà bien la région dans laquelle il se trouve, il peut sans problème reconnaître une île et même l’endroit où il se trouve par rapport à cette île. Une solide expérience de la région lui permet aussi de compenser les erreurs de longitude d’une carte. Un bon géographe de marine connaît les principaux bancs de récifs de sa région de prédilection, d’après son expérience personnelle ou une carte, ou encore un journal de bord. Il connaît aussi les endroits les plus propices au carénage, les îles sur lesquelles on peut faire de l’eau – faire le plein d’eau – ou si telle île est habitée par des Indiens. Afin de parfaire ses connaissances en géographie, le pilote a tout intérêt à lire les journaux de bords qui lui tombent entre les mains et à collectionner les cartes de qualité, sans lesquelles il se trouve bien démuni. Les astres, le plus souvent le soleil, à la rigueur l’étoile polaire et plus rarement les autres étoiles, servent de référence au pilote pour faire le point, qui permet de connaître la position du navire ou tout au moins sa latitude. Une fois la position connue le pilote fait la route pour rejoindre le plus rapidement et le plus sûrement possible sa destination. Les meilleurs pilotes sont aussi de bons cartographes et réalisent des cartes de bonne précision, du fait qu’ils dessinent les côtes de visu, et non à terre d’après des documents dont ils ne connaissent pas la fiabilité, comme le font la plupart des cartographes. Il peut aussi coucher ses observations par écrits, soit en retouchant une carte qui se révèle fausse sur la région, soit en créant sa propre carte. Créer sa propre carte est beaucoup plus gratifiant mais nécessitera le bon vouloir du capitaine, car le cartographe devra effectuer de nombreux relevés à des endroits où le capitaine n’avait pas forcement prévu de passer. Cet effort du capitaine est toutefois un investissement valable, car une meilleure connaissance des régions où il passe peut se révéler cruciale dans le futur. S’ils ne sont pas cartographes eux-mêmes, ils peuvent toujours noter leurs relevés géographiques et leurs observations dans un journal à l’usage d’un cartographe terrien, qui serait prêt à payer cher ces informations. Voilà donc tout ce que sait faire un pilote, et voici comment il le met en application sur le navire. Il exerce son travail en collaboration étroite avec le capitaine et le timonier. Tout d’abord, le pilote excelle en géographie, hydrographie et navigation, domaines dans lesquels un capitaine doit aussi être compétent. Il est chargé de mesurer grâce au loch la vitesse du navire, qu’il consigne avec le cap suivi sur le journal de bord. Le pilote fait le point avec ou à la place du capitaine, sur les navires pirates en tous cas, sur lesquels le rôle du capitaine est surtout militaire. Il aide ensuite le capitaine à positionner sur les cartes de la région le navire en fonction du cap pris par le navire et sa vitesse depuis le dernier relèvement. Puis, la position déterminée, les deux navigateurs font la route et le pilote en déduit les caps successifs à rendre pour s’y rendre, en tenant compte de la direction du vent, mais aussi de la dérive due aux courants.

Devoirs 

Le maître pilote doit toujours veiller à la profondeur du fond, et il est au moins en partie responsable lors d’un échouage ou pire, d’un naufrage. Il doit aussi sans cesse mesurer

la vitesse et relever la direction du navire pour permettre une bonne navigation à l’estime.

Droits 

Le pilote a des rapports privilégiés avec le capitaine, ce qui le fait rentrer dans certains secrets de navigation, en tout cas sur les navires de guerre. Il est très écouté pour tout ce qui touche à la navigation, ce qui lui confère un certain statut, d’autant plus que sur les navires pirates et plus encore sur les navires flibustiers, les pilotes sont rares et donc appréciés à leur véritable valeur. On lui remet donc religieusement tous les instruments de navigation et les cartes marines trouvés sur les prises. Le pilote est tellement essentiel aux flibustiers qu’il recherche, s’ils n’en ont pas, systématiquement un guide avant de partir en campagne. Le pilote touche une part et quart de butin sur un navire pirate.

MAÎTRE CHARPENTIER

En tant qu’un des trois maîtres à bord d’un navire, le Maître Charpentier est un personnage incontournable, sans lequel un navire ne ferait pas de vieux os.

Ancienneté 

Pour devenir maître charpentier sur un navire, il faut avoir suivi la formation adéquate et avoir travaillé comme aide charpentier pendant cinq à dix ans. On ne trouve donc sur les navires que des charpentiers âgés de plus de vingt ans.

Autorité 

Le Maître Charpentier est sous les ordres du Second, bien qu’il prenne lui-même les initiatives des réparations. Pendant un combat, lorsqu’il faut choisir ce qu’il faut réparer, c’est au Second de trancher. Le Maître Charpentier dirige un groupe d’aides, car il ne pourrait effectuer toutes les réparations seul. Lorsqu’il a besoin de bras supplémentaires, notamment pour redresser un mat, il réquisitionne un groupe d’hommes, avec l’accord du canonnier ou du second. Ces hommes sont alors temporairement sous ses ordres, comme s’ils étaient ses aides charpentiers.

Travail 

Le Maître charpentier a pour tâche de maintenir en bon état la coque du navire, ses agrès, ainsi que tous les canons. Son travail est incessant, pour conserver une coque résistante et faire disparaître petit à petit les marques du combat naval. Lorsque l’entrepont est ravagé par les boulets, le maître charpentier s’affaire pendant des semaines, parfois suspendu à l’extérieur du navire pour réparer des trous dans la coque alors même que la mitraille fuse de partout. Sauf cas exceptionnel, le maître charpentier n’est toutefois pas exposé aux tirs ennemis ou au combat, car la perte du charpentier serait dommageable à l’équipage. Un bon charpentier est aussi un architecte naval de qualité. Il peut proposer au capitaine des améliorations de la coque, pour la rendre plus résistante, l’alléger, rajouter des canons, ou encore rendre le navire meilleur marcheur ou plus manœuvrant. Par exemple, le Maître Charpentier peut trouver le navire trop rond de l’avant, donc stoppé par la vague et lui affiner l’étrave. Le charpentier peut aussi rééquilibrer un navire, qui traîne la vague derrière lui à cause d’un cul trop enfoncé, en réajustant la position des canons. Une fois les plans dessinés et acceptés par l’équipage, il se met au travail pour réaliser son projet. Le Charpentier est un homme respecté à bord, et bien plus encore s’il arrive à perfectionner le navire. Lorsque l’équipage débarque pour quelques semaines, la construction d’un fortin peut s’imposer pour faire face aux navires qui attaqueraient le leur abattu en carène, ou à des indigènes à qui l’oppression espagnole a fait perdre toute patience. Dans ce cas, c’est au charpentier de construire le fortin et d’y disposer les canons en batterie. Le Charpentier est aussi responsable du ravitaillement en bois, ainsi que de la construction des canots. Si le navire actuel est bon à brûler, à cause de sa quille rongée par les vers, le maître charpentier, en quelques mois, pourra reconstruire un nouveau navire à partir de l’ancien. Après une telle prouesse, ce serait le diable si le charpentier n’est pas vénéré comme un dieu. 

Devoir 

Le charpentier est responsable du bon état du navire.

Droit 

Sur un navire pirate, le charpentier a droit à une part et quart du butin, plus de quoi acheter le bois nécessaire aux réparations, bien qu’il soit plus fréquent de se servir soi-même dans les forêts des Caraïbes et du continent. Le prestige du Charpentier, qui lui vaut comme au Calfat et au Voilier le nom de maître, dépasse au cours d’une assemblée ceux du Maître Canonnier et du Maître d’Equipage. En effet, il est le seul a posséder la science de la construction navale. S’il est en plus un homme charismatique, il a parfaitement sa place au sein du conseil.

MAÎTRE CALFAT 

Comme le Maître Charpentier et le Maître Voilier, le Calfat est indispensable au bon fonctionnement d’un navire.

Ancienneté 

Le travail de Calfat n’est pas, techniquement, le plus difficile des trois maîtres, les études de Maître Calfat sont donc plus courtes, et on peut devenir Calfat au bout de cinq ans d’apprentissage en tant qu’aide.

Autorité 

Le Maître Calfat est sous les ordres du second. Il dirige un groupe d’aide, car il ne pourrait effectuer toutes les réparations seul. Lorsqu’il a besoin de bras supplémentaires, il réquisitionne un groupe d’hommes, avec l’accord du canonnier ou du second. Ces hommes sont alors temporairement sous ses ordres, comme s’ils étaient ses aides calfats.

Travail 

Le Maître Calfat assure l’étanchéité de la coque en enfonçant de l’étoupe dans les interstices du bordé. Il utilise pour cela comme instruments de travail un bec de corbin, pour retirer de la coque le bois pourri et mettre au jour les trous des vers, un maillet, un large ciseau, pour enfoncer l’étoupe dans les interstices du bordé dont il doit restaurer l’étanchéité. Il roule à la main en cordelette l’étoupe noire avant de l’enfoncer entre deux planches de bordé de la coque avec un maillet et un ciseau. Le Calfat doit toujours rester vigilant à toute fuite d’eau, qui pourrait se révéler trop tard et gâter une partie des réserves. Il inspecte donc régulièrement la cale en compagnie du cambusier. Lorsqu’un boulet perfore les œuvres vives, il bouche les trous avec des pinoches, larges cônes de bois qu’il enfonce au maillet, s’opposant au geyser d’eau qui jaillit de l’ouverture. La brèche ainsi grossièrement colmatée est rendue étanche avec de l’étoupe, pendant que le restant d’eau est évacué par la pompe de grand mât. Ce type de réparation ne peut pas être définitif et doit être refait proprement lorsque le navire sera au calme, si le trou n’est pas situé sous la ligne de flottaison, ou en carène si les trous dans les œuvres vives de la coque sont trop importants. Lors de la mise en carène, le Maître Calfat nettoie la coque des coquillages et des algues qui y sont accrochés. Il enlève le vieil enduit et tue les vers, qui pourrissent le bois, au feu et avec son bec de corbin. Il remplace le bordé endommagé et irrécupérable, puis assure l’étanchéité en appliquant l’étoupe. Pendant la mise en carène, il rénove les œuvres vives, mais ne peut toucher à l’armature du navire, la quille et les couples, si bien que si la quille est pourrie par les vers, il ne peut plus rien faire à moins de démembrer le navire. La carène du navire doit donc être réparée régulièrement, pour éviter ce fâcheux problème. Le Maître Calfat peut s’entendre avec le maître charpentier pour modifier la carène pour un meilleur hydrodynamisme.

Devoir

L’étanchéité de la coque doit être parfaite à tout instant, et le maître calfat en est responsable.

Droit 

Le Maître Calfat touche une part et quart de prise sur un navire pirate. L’étoupe dont il se sert, qui est faite de vieux cordages goudronnés, lui est fournie par le Maître Voilier. Son prestige lors de l’assemblée est considérable, même s’il est moindre que celui des deux autres maîtres.

MAÎTRE VOILIER 

Le Maître Voilier fait partie des trois maîtres indispensables sur un navire.

Ancienneté 

Le travail des voiles ne se limite pas à de la simple couture et nécessite une maîtrise poussée de la science nautique. On ne devient Voilier qu’au bout de sept ans d’études en tant qu’aide, et on ne devient aide que si on a la fibre, car c’est un métier harassant. Pour s’en persuader, il suffit de savoir que la grand voile est grande, sur un trois ponts, comme un terrain de basket, et qu’un navire contient des kilomètres de cordages, dont certains sont gros comme une cuisse d’homme.

Autorité 

Le Maître Voiler est sous les ordres du second, même si, dans les faits, il fait son travail sans recevoir d’ordres particuliers. Il travaille avec des apprentis auxquels il apprend à réparer et à créer des voiles, à entretenir et à épisser des cordages. Lorsqu’il s’agit de redresser un mât, le Maître Voilier et le Maître Charpentier commandent ensemble un large groupe d’hommes pour réaliser cette manœuvre délicate.

Travail 

Le Maître Voilier entretient les voiles et les cordages qui leur consacrait pas tout son temps et toute son énergie. Il renforce les voiles fatiguées par l’ardeur du soleil, les nombreuses manœuvres, les boulets ramés et les frottements incessants. Même une voile en lambeau est récupérable pour un voilier, et la réparation, miraculeusement, ne fait jamais figure de rafistolage. Elle semble sortir, après chaque réparation, comme d’une cure de jouvence. Le Maître Voilier veille non seulement à sa résistance, mais aussi à ses qualités aérodynamiques, pour qu’elle forme un bon creux, ne dégueule pas – ne se mette pas à vriller – au largue, et présente un bon bord d’attaque. Toutes ces caractéristiques sont assez faciles à discerner lorsque la voile est gonflée par le vent, mais beaucoup moins quand elle est posée, à moitié en boule, sur le sol de la voilerie. Pourtant, le voilier n’a qu’à la toucher pour sentir tout cela. Les cordages nécessitent autant de soins que les voiles, car ils sont soumis à des efforts énormes et à de nombreux frottements. Ils doivent être résistants, mais aussi, malgré le gros chanvre qui les compose, ne doivent ni écorcher ni glisser dans les mains des gabiers. Un cordage qui cède coûte la vie à plusieurs hommes et met en danger le navire dans son ensemble. Parmi les cordages à maintenir en bon état, le voilier doit surveiller les cordages de la timonerie, qui assurent la transmission de la barre à roue au gouvernail. Un bon maître voilier remarquera tout de suite les défauts de la mâture qui nuisent au bon fonctionnement d’un navire. Si le navire pique du nez dans la vague, peut être est-ce à cause de son mât de misaine qui est trop avancé. Transformer un trois mâts à voiles carrées en trois mâts barque, ou lui rajouter foc et trinquette, le rendra probablement meilleur marcheur au près, s’il se traîne à cette allure. Si le navire est sous toilé, le voilier peut rallonger les mâts et rajouter un petit et un grand cacatois. Une légère quête – position du mât penchée vers l’arrière – l’aidera à surfer sur la vague au grand largue et soulagera la mâture. Enfin, les voiles peuvent être un peu plates ou trop creuses. Pour corriger ces défauts légers, mais courants même sur les meilleurs navires, le voilier devra en toucher mot au maître charpentier, si les changements entrevus modifient la mâture. Il dessine ses nouvelles voiles, et il ne lui reste plus qu’à convaincre le capitaine de l’intérêt de ces changements, avant de modifier la mâture et la voilure. Le Maître Voilier peut concevoir un agencement de mâture à partir de rien, tout comme le Maître Charpentier et le Maître Calfat peuvent concevoir la carène.

Devoirs 

Le Maître Voilier et responsable du bon état de la voilure et des cordages.

Droits 

Le Maître Voilier touche une part et quart de prise sur un navire pirate. Son prestige à l’assemblée est légèrement moindre bien que comparable à celui du Maître Charpentier. Il n’est pas rare qu’un Maître Voilier siège au conseil.